Musique et délices

Voyages au bout de ma lentille

Bienvenue à

l'éveil du printemps



C’est chaque fois un peu comme l’an dernier, comme si l’on avait rembobiné la pellicule du film tout en ayant pris soin d’embaucher quelques nouveaux acteurs et d’apporter quelques modifications plus ou moins subtiles au décor.



Le cri des bernaches en migration résonne de la rudesse et de la beauté des espaces de vie qu'elles traversent afin de venir nous rendre visite, chaque printemps.


Le faucon des marais

vous a à l'œil!

Le patrouilleur des marais

Dans la catégorie 'standard', on pense immédiatement à l'aigle royal; mais il n'est pas tellement fréquent au Québec et il y en a d'autres, un peu moins connus. Par exemple, il y a ce rapace diurne aux couleurs de chamois qui fréquente les marais et les terres humides émergées: le faucon des marais (Northern Harrier). Nous l'avons vu à la "Digue aux aigrettes", non loin de Dundee.


Voyez son visage rond? Ce disque facial, semblable à celui d'une chouette, lui permet de concentrer les sons et de repérer plus facilement ses proies. Il a peut-être l'air imposant, mais rassurez-vous: il ne capture que des proies de taille modeste, comme des souris et des lézards, ainsi que certains oiseaux.

La pie qui se prend pour un rapace


Dans la catégorie plus 'surprenante, on trouve la pie-grièche migratrice. Elle est de petite taille (comme un gros merle), mais s'attaque à de petits animaux et même des oiseaux - comme si elle se prenait pour un rapace. 


On trouve souvent cet oiseau masqué (à cause de la bande noire qui lui traverse les yeux et le front) perché sur un poteau de clôture, d'où il s'élance pour patrouiller en rase-mottes les terrains à découvert - comme aux marais de la Digue aux aigrettes.


Or, cet oiseau a un goût particulier pour les rongeurs et les oisillons...

La pie-grièche migratrice

Attention, chers lecteurs: cet oiseau a des manières de procéder qui sont loin d'être innocentes.
En effet, "
La pie-grièche migratrice tue ses proies en leur cassant le cou,
puis en les empalant sur des épines ou du fil barbelé pour les manger
".

Quand j'ai lu cela dans "Faune et Flores du Pays" j'ai avalé mon café de travers.
Il semble que cette manière de faire soit le "fruit" de l'évolution (bravo!)...  

Le fleuve est un refuge pour oiseaux migrateurs



Chaque année, au temps du festival des impôts et du party de ramassage de feuilles, la nature met en scène la même production scénique où nous convient des acteurs tantôt chevronnés qui ont du millage sous les ailes, tantôt de nouvelles recrues impatientes de nous en mettre plein la vue. On ne peut que s'arrêter et profiter du spectacle.

De longs voyages

Des bernaches en forme peuvent parcourir plus de 1 000 km en une seule journée. Dire que pour ma part, je suis rompu de fatigue après un tel trajet en auto...


Pour elles, les eaux (souvent encore froides) du fleuve constituent alors une aire de repos, un sanctuaire de paix relative (eh oui, il y a encore des chasseurs...) où les oiseaux migrateurs peuvent refaire leurs forces et se regrouper lorsque les voiliers se sont morcelés. 



Au fur et à mesure que les terres arables le long du fleuve se délestent de leur manteau d'hiver,  elles deviennent des endroits particulièrement prisés des bernaches qui cherchent à se rassasier d'insectes et de graines d'automne encore présentes dans les sillons.

Symbole

Avec sa maîtrise du vol en formation et ses cris pour encourager les consœurs tout au long du vol, la bernache est devenue pour certains un symbole d’unité et d’entraide. 

Comme des parachutes en vol libre,

elles se laissent tomber du ciel...

Les canards de surface

Les canards "de surface", comme le colvert, sont des oiseux qui n'ont pas la capacité de plonger - alors, ils vivent en surface.


Par contre, ils compensent cette limitation morphologique par une grande loquacité (ils bavardent copieusement en groupe, et pourtant personne n'en a jusqu'ici transcrit le sens...) et une grande aisance au barbotage. 

(Cliquer sur ces images pour les visionner)

Chose particulière, avec les colverts: les couples se retrouvent souvent aux mêmes endroits. C'est que le territoire de nidification est choisi par la femelle et c'est habituellement un endroit situé près d'où elle est née. D'où l'importance de bien préserver ces territoires afin de favoriser la continuité de l'espèce - et le plaisir des photographes qui les ont repérés, bien sûr.




















Un couple de harles couronnés


Les Anatidés, experts du plongeon 

Il existe plusieurs variétés de harles: la variété que vous voyez ci-haut est le Harle couronné - nommé ainsi à cause de son imposante huppe décorée blanche.


C'est le plus petit des harles - des oiseaux qui vivent exclusivement en Amérique du Nord et qui aiment les eaux claires, surtout celles qui sont près des lisières de forêts. 


Au printemps, le harle ne revient pas d'un long périple - tout juste de nos états voisins du sud est. Toutefois, durant la migration, il s'arrête volontiers dans les eaux libres des rivières et des lacs, les baies côtières et les criques créées par la marée. Alors, une petite saucette au milieu du fleuve n'est pas à dédaigner, au contraire!

Le harle et son repas

Le harle huppé se nourrit de petits poissons, d'insectes aquatiques, de crustacés (en particulier d'écrevisses), d'amphibiens et de végétation. Il plonge et se propulse avec ses pattes, utilisant son bec, fin et dentelé, pour agripper (littéralement) sa proie.

Le grèbe à bec bigarré, un sous-marin en déguisement


C'est un oiseau commun des marais, avec un bec exceptionnellement épais et de couleurs disparates, qui vit retranché au milieu de la végétation et n'est que très rarement aperçu en vol (alors comment est-il arrivé jusqu'ici??).


Sa particularité première est d'être un plongeur expert. Ses pattes, situées tout à l'arrière du corps, ne l'aident pas à marcher, mais lui procurent un sérieux avantage lorsqu'il s'agit de plonger. D'ailleurs, le nom latin pour "grèbe" signifie "pieds aux fesses" (je vous laisse imaginer les caricatures...).


Ensuite, il y a 'gli3': c'est le gène qui contrôle la structuration des membres et la croissance des os à l'extrémité des nageoires de poisson. Ce gène est responsable des orteils lobés (non palmés) du grèbe et l'aident grandement à nager sous l'eau.


Le sous-marinier

Mieux encore, le grèbe emprisonne l'eau dans ses plumes pour se donner un plus grand contrôle sur la flottaison; c'est ce qui lui permet de s'enfoncer progressivement et profondément comme un sous-marin - se "stationnant" juste sous la surface de l'eau pour mieux surprendre son repas! 


Mais j'ai gardé le meilleur (quoique cela reste discutable) pour la fin: Le Grèbe ingurgite des quantités considérables de plumes ... de ses propres plumes! Au point de remplir la moitié de son estomac d'une "moulée" qui sera ensuite donnée à manger aux poussins nouvellement éclos. Par ailleurs, on dit que ce plumage ingéré peut filtrer (tel un tamis) les petits os des proies avalées, pour éviter d'endommager l'intestin. Au prochain Super Bowl, on mange des plumes avant les ailes de poulet?...


L'hirondelle bicolore,
acrobate du vol


On retrouve l'hirondelle bicolore (Tree Swallow) dans les champs ouverts et les marais adjacents à des plans d'eau douce parce que les insectes y sont nombreux. Belle coïncidence, car cet oiseau est insectivore! Il poursuit les insectes volants avec du vire-voltage spectaculaire et des rebondissements acrobatiques. Saisir ce F-35 en photo lorsqu'il "décolle" ou "atterrit" est à peu près tout ce qu'il est possible de faire; en vol acrobatique, c'est simplement casse-gueule. 

Chez l'hirondelle bicolore, tout se passe en un clin d'oeil. Même l'harmonie du nid peut parfois désunir le temps d'un cri et tout rallier l'instant suivant.

C'est mon perchoir!


La mésange, une ouvrière hyperactive. 

Son nom anglais nous a toujours fait sourire, nous les franco-ontariens. Mais c'est une variété d'ordre tout à fait international, car on en trouve jusqu'à l'Himalaya, en Chine, en Afrique du Nord, en Europe et même en Sibérie! C'est un oiseau excessivement nerveux qui se déplace très rapidement à travers le feuillage en émettant des cris aigus. Cette activité incessante entraîne toutefois une facture imposante en alimentation: on pourrait remplir la mangeoire deux et même trois fois par jour qu'elle viendrait encore!


Le flamboyant carouge: aussi populaire que le phragmite exotique où il vit


Vous connaissez sans doute cette monoculture qui prolifère le long des canaux de drainage bordant nos routes et le long des plans d’eau et des marais? Le phragmite exotique avec ses fleurs en forme de panicules touffues est aussi populaire et commun que le carouge à épaulettes, ce passereau au chant (pardon: cri!) très particulier, et qui monte la garde de façon presque belliqueuse autour de son territoire.

Lorsqu'il chante, le mâle esquisse un mouvement d'expansion de son plumage qui révèle la couleur de ses épaulettes rouges. N'en déplaise aux ethnomusicologues québécois, oserions-nous parler d'un chant de gorge?


Le castor, un ingénieur des digues


C'est l'un des plus gros rongeurs de l’Amérique du Nord, un nageur très habile qui se sert de sa queue comme gouvernail, dont les yeux voient aussi bien dans l'eau qu'en dehors de l'eau, dont les narines et les oreilles se referment lorsqu'il plonge et dont les pieds sont palmés pour la nage. Tant qu'à y être, pourquoi n'est-il pas un poisson?!


Probablement parce que sa ration quotidienne n'est pas sous-marine: ce sont plus de 200 arbres qu'il abat chaque année, à la fois pour grignoter et pour s'abriter (les digues qu'il entretient tout au long de l’année).


Une chose que l'on peut dire de cette hutte de castor sise au grand marais, près du pont Sœur Marguerite-Hudon de l'île Saint-Bernard, c'est que sa taille est proportionnelle à la famille qui y habite...


Le grand pic qui avale les arbres

Le grand pic perce des trous rectangulaires dans les arbres afin d'y trouver des fourmis. Ces excavations peuvent être si larges et si profondes qu'elles arrivent à casser de petits arbres en deux. Ces forages sont si importants qu'ils attirent souvent d'autres oiseaux: on trouve alors de plus petits pics et des troglodytes qui viennent s'y nourrir et parfois même s'y loger.

 Lorsqu'il entreprend la construction de son nid, le travail du grand pic peut prendre de 3 à 6 semaines; dommage que ces efforts ne soient pérennes, car les nids sont rarement réutilisés les années subséquentes. Bref, ils n'ont pas de crise du logement, eux!


Le balbuzard pêcheur, autre patrouilleur infatigable


On le retrouve planant au-dessus des rivages, patrouillant les voies navigables et les vastes marais, et parfois se tenant presque immobile au faîte d'un grand arbre pour mieux en scruter l'horizon.

On le reconnaît à sa tête blanche, son énorme bec crochu et son ventre blanc. En vol, c'est tout un monument aviaire qui se déplace!

Cependant, je le trouve quelquefois un peu narquois - comme ce matin d'avril où, après s'être servi une généreuse bouchée de saumon,

il est parti pavoiser avec le reste de son poisson dans les serres, planant comme un vainqueur et tournoyant

sans autre but que d'exhiber son trophée aux locataires du marais! Poissons et reptiles, tenez-vous tranquilles!


L'aigrette immobile, mais tenace

Légèrement plus petite et plus svelte qu'un Grand Héron (mais avec une envergure tout aussi impressionnante), l'élégante Grande Aigrette chasse en se tenant immobile, comme pour passer inaperçue.


La grande aigrette, déjà spectaculairement habillée de blanc, ajoute (au printemps) un maquillage supplémentaire pour souligner la saison de reproduction. On peut voir, dans la photo ci-dessous, une tache de peau vert fluo qui s'affiche sur son visage; et dans une autre photo,  à gauche, l'on aperçoit de longs panaches qui poussent à l'arrière de son dos. On a déjà photographié une telle danseuse avec tutu.


La tortue peinte, experte en maquillage


La tortue peinte est (comme son nom l'indique) très colorée, avec des rayures jaunes et rouges sur son corps et sa face, ainsi que des points rouges sur les bords de sa carapace. Elle est la seule tortue que l’on peut trouver d’un océan à l’autre du Canada (sauf dans les territoires du nord). On la trouve souvent dans l'eau (même qu'elle y hiberne) ou en procession avec d'autres sur une branche qui flotte dans l'eau (comme c'est le cas, ici), mais c'est en terre ferme qu'elle doit pondre ses œufs - autrement dit, sa survie dépend de deux environnements à protéger. Bon à savoir puisque certaines d'entre elles peuvent nous accompagner pendant plus de 70 ans!


Les grues du Canada, danseuses particulières.



Les grues du Canada ont une élégance qui attire l'attention. Ces grands oiseaux au corps gris et brun, et à la tête cramoisie (tache de rouge autour des yeux) se retrouvent en grand nombre dans les zones humides, les champs et les prairies (comme la digue aux aigrettes de Dundee). Et lorsqu'ils se rencontrent, les partenaires se présentent les uns aux autres avec des cris caractéristiques et des danses exubérantes et énergiques. Elles sont "nidifuges" - les poussins pouvant quitter le nid dans les 8 heures suivant l'éclosion et étant alors capables même de nager!


Ces oiseaux chanteurs bruns et blancs aiment se percher, bien en vue. Leur plumage présente un jaune pâle sur le ventre et une bordure blanchâtre sur les plumes des ailes repliées. Ils construisent habituellement leur nid avec de la boue et des herbes et les placent dans les recoins protégés des ponts, des granges et des maisons.

Le moucherolle phébi, annonciateur du printemps.




Insectivore, le moucherolle phébi fait de courts vols pour capturer les insectes et revient très souvent au même perchoir (avis aux photographes!).


Entendre le chant d'un moucherolle phébi est l'une des premières indications du retour du printemps.


Le grand duc du soir...


En effet, les "strigidés" (je viens d'apprendre le nom)  sont des rapaces nocturnes qui travaillent fort la nuit et se reposent (pour ne pas dire qu'ils dorment) le jour. Le grand duc apprécie les zones boisées parsemées de bois et de buissons, comme les petites forêts qui couvrent l'île Saint-Bernard - où nous avons repéré cet individu, au faite d'un grand arbre. Le grand duc a généralement plusieurs perchoirs qui lui servent à délimiter son territoire (avis aux photographes: quand on ne l'aperçoit plus à un certain endroit, il s'est peut-être déplacé vers un autre perchoir).


Regardez ses yeux: les Grands-ducs d'Amérique ont de grands yeux, des pupilles qui s'ouvrent largement dans l'obscurité et des rétines avec de nombreuses cellules en bâtonnets pour une excellente vision nocturne. Si leurs yeux ne bougent pas dans leurs orbites, les ducs peuvent faire pivoter leur tête à plus de 180 degrés pour regarder dans n'importe quelle direction. Il était dans les environs de midi lorsque nous avons vu cet individu: devrait-on dire, alors, que le grand duc dort... les yeux ouverts?



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